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lundi 18 avril 2011

Northanger Abbey

Catherine Morland, agée de 17 ans, quatrième enfant d’une famille nombreuse d’un pasteur de la campagne, est invitée par un couple d’amis de la famille à séjourner avec eux à Bath, la station thermal à la mode. Elle devient rapidement amie avec Isabelle Thorpe, passionnée comme elle de romans gothiques effrayants, et voie ses rêves atteindre leurs combles lorsqu’elle est invitée à séjourner dans une authentique abbaye, comme dans ses romans préférés. Mais la réalité est souvent très différente des lectures de fiction…





Northanger Abbey n’est pas la plus réputée ni la plus connue des œuvres de Jane Austen, et pourtant elle mériterait à l’être davantage. Aucun autre de ses romans ne possèdent une ironie aussi mordante et un humour aussi féroce. Plus qu’un simple roman sentimental, comme sont souvent taxés d’être les ouvrages de Jane Austen, c’est surtout un roman d’apprentissage, où Catherine passe de la naïveté de l’enfance à la sagesse de l’âge adulte. Pour ce faire il lui aura fallu passer à travers l’hypocrisie des faux amis, son imagination débridée qui lui joue des tours, la méchanceté de gens avides d’argent, et séduire l’élu de son cœur. Heureusement, contrairement à ce qu’affirme l’auteur au début, que Catherine n’aurait rien d’une héroïne, elle possède des qualités tout à fait dignes d’une héroïne de roman attachante. Elle est fidèle et loyale, honnête, bien élevée et dotée d’un bon sens moral, et elle acquiert au fur et à mesure de ses aventures le discernement qui lui faisait défaut à ses débuts.
L’humour inattendu fait ainsi son apparition dès les premières phrases, Jane Austen se moquant avec ironie des travers de ses contemporains, notamment en raillant la frivolité de Bath. Mais surtout le roman se révèle être dans sa deuxième partie, qui se déroule à l’abbaye de Northanger, une parodie des romans gothiques qui faisaient à l’époque fureur. Les mystères du château d’Udolphe d’Ann Radcliff parut en 1796 est régulièrement cité, et enflamme à ses dépens l’imagination de Catherine lorsqu’elle est à Northanger, imaginant faussement des situations similaires à celles du roman.
Pourtant, bien qu’elle critique ce genre d’histoire, Jane Austen construit dans ce livre, une défense ardente des romans. Genre littéraire très décrié à l’époque, pas assez noble face à la poésie, tout juste bon à être lu en cachette, souvent dédaigné par les hommes au profit des femmes (qualifié ainsi de « littérature féminine »), il est même souvent dénigré par les auteurs de romans eux-mêmes. Jane Austen, elle, fait de ses héros des lecteurs assidus de romans, gothiques ou non, et s’exprime elle-même à la première personne pour faire une diatribe enflammée de la défense du genre romanesque, faisant ainsi de Northanger Abbey un roman… sur les romans.

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